Élaborer un plan d’action pour résoudre la crise du logement

Ce qu’il faut pour rassembler des adversaires traditionnels afin de faire avancer une action sur laquelle tout le monde peut s’accorder

Nous nous sommes enfermés dans une pièce pendant huit heures et nous nous sommes dit que personne ne partirait tant que nous n’aurions pas trouvé une solution à ce problème.

Mike Moffatt

Institut pour l’intelliProspérité

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), il manque 3,5 millions de logements au Canada. Et il n’y a pas qu’un seul coupable à blâmer.

L’offre est inférieure à la demande depuis des décennies. La croissance démographique record signifie que plus de gens que jamais ont besoin d’un endroit où vivre. L’industrie du bâtiment est confrontée à la hausse des coûts des matériaux et à des pénuries de main-d’œuvre. Les Canadiens ont du mal à s’offrir les logements disponibles sur le marché, alors que les loyers et les taux d’intérêt montent en flèche. Et à mesure que la crise climatique s’aggrave, les inondations et les incendies de forêt menacent une plus grande partie du parc immobilier du pays, tout en risquant de provoquer le déplacement de familles et de communautés entières.

Alors, comment s’attaquer à ce gigantesque et complexe désordre? Trop souvent, les discussions opposent les propriétaires et les investisseurs aux groupes de défense des droits des locataires et aux organismes de lutte contre l’itinérance. Mais deux organisations clés – l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance et REALPAC, une association nationale d’investisseurs, de financiers et de propriétaires d’appartements – ont reconnu qu’elles avaient des intérêts communs.

Pour explorer ce terrain d’entente, elles ont contacté Mike Moffatt, l’un des plus grands experts canadiens en matière de politique du logement et l’un des principaux responsables du partenariat entre Institut pour l’intelliProspérité et The Natural Step. « Nous étions considérés comme un tiers de confiance. Nous comprenions les enjeux, mais nous n’avions pas de position préconçue », explique M. Moffatt.

Nous nous sommes enfermés dans une pièce pendant huit heures et nous nous sommes dit que personne ne partirait tant que nous n’aurions pas trouvé une solution à ce problème.

Mike Moffatt

Institut pour l’intelliProspérité

Trouver un consensus

En juin 2023, Mike Moffatt et son équipe ont réuni plus d’une douzaine de représentants différents de l’industrie, du secteur social et du monde universitaire pour discuter de la manière dont les politiques fédérales pourraient créer davantage de logements locatifs – et les rendre plus abordables.

« Nous nous sommes enfermés dans une pièce pendant huit heures et nous nous sommes dit que personne ne partirait tant que nous n’aurions pas trouvé une solution à ce problème », raconte M. Moffatt.

Le processus aurait pu facilement déraper. Au lieu de cela, les participants ont trouvé un nombre surprenant de points d’accord, à commencer par la gravité de la situation. Toutes les personnes présentes dans la salle étaient convaincues que le Canada était confronté à une crise.

L’étape suivante a consisté à examiner le large éventail de goulets d’étranglement, depuis le manque de coordination intersectorielle jusqu’aux longs délais d’approbation. La définition de ces problèmes a permis au groupe de débattre des moyens d’y remédier. « Nous avons eu des conversations difficiles, mais rien n’a jamais déraillé », explique M. Moffatt. « Nous avons quitté la salle avec un consensus général, à très haut niveau, sur ce que devrait être la solution. »

Ce consensus a jeté les bases d’un Accord national sur le logement publié en août 2023, qui a ensuite été approuvé par plus de 70 organisations à travers le pays.

Éclairer l’action fédérale

Le rapport fournit un plan en dix points pour rassembler les constructeurs publics et privés, le secteur du logement sans but lucratif, les investisseurs et les travailleurs afin de remédier à la pénurie de logements locatifs au Canada. Plusieurs de ses recommandations ont été intégrées à l’énoncé économique d’automne du gouvernement fédéral, notamment l’élimination de la TPS/TVH sur les logements locatifs construits à des fins spécifiques et la création d’un catalogue de plans pré-approuvés par la SCHL pour accélérer la construction.

Il reste encore beaucoup à faire. Mais comme le souligne M. Moffatt, le Canada a réussi à gérer des crises du logement dans le passé, comme la crise massive qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. Cela signifie que nous pouvons le faire à nouveau.

« Les politiques publiques ne changent pas si rapidement. Et même lorsqu’elles changent, il faut un certain temps pour construire des logements », ajoute-t-il. « Mais je suis prudemment optimiste et je pense que nous avançons dans la bonne direction. »

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