Pourquoi les agriculteurs jouent-ils un rôle important dans la lutte contre le changement climatique

Et comment une nouvelle alliance nationale ambitionne de les soutenir

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Ma définition du développement durable est de laisser mes terres, mes états financiers, mon industrie et ma communauté dans un meilleur état, génération après génération

Kristjan Hebert

Hebert Grain Ventures

Alors que la récolte d’automne s’achève, Kristjan Hebert se tient au milieu des chaumes dans l’un de ses champs près de Moosomin, en Saskatchewan. Mais c’est d’une autre « récolte » précieuse qu’il est impatient de parler : le carbone.

Au fil des ans, son exploitation de céréales et d’oléagineux de 32 000 acres a adopté de nombreuses pratiques respectueuses du climat, telles que le labourage à faible profondeur qui permet d’enfermer davantage de carbone dans le sol, l’adoption de programmes de fertilisation à taux variable qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre et la plantation de cultures d’automne qui permet de garder le sol couvert de végétation.

« Ma définition du développement durable est de laisser mes terres, mes états financiers, mon industrie et ma communauté dans un meilleur état, génération après génération » déclare M. Hebert. 

Avec plus de 150 millions d’acres de terres agricoles au Canada, soutenir davantage d’agriculteurs qui adoptent des approches similaires fait une grande différence dans la lutte contre le changement climatique.

« Les agriculteurs sont d’importants intendants de la terre », explique Barbara Swartzentruber, chercheuse principale à l’Institut pour l’intelliProspérité et directrice de programme à la Canadian Alliance for Net-Zero Agriculture (CANZA), récemment lancée. « Dans ce contexte, ils sont également d’importants gestionnaires potentiels de la lutte contre le changement climatique. »

Ma définition du développement durable est de laisser mes terres, mes états financiers, mon industrie et ma communauté dans un meilleur état, génération après génération

Kristjan Hebert

Hebert Grain Ventures

Farmers

Créer des incitations économiques

Cependant, l’adoption de nouvelles pratiques implique des risques, des coûts et des courbes d’apprentissage abruptes dans un secteur où les marges sont minces. C’est pourquoi la CANZA souhaite contribuer à la mise en place d’incitations économiques qui réduisent ces défis. 

Un marché mondial est en train d’émerger pour les émissions de portée 3 : les émissions indirectes de gaz à effet de serre produites tout au long de la chaîne d’approvisionnement d’une entreprise. Les avantages environnementaux liés à certaines pratiques adoptées dans les exploitations agricoles pourront ainsi être monétisés tout au long de la chaîne de valeur, ce qui offrira aux agriculteurs de nouvelles possibilités de revenus tout en aidant le transformateur ou le détaillant à atteindre ses objectifs de zéro émission nette.

Des questions pratiques doivent être abordées. Comment garantir la crédibilité de ces marchés? Comment les rendre accessibles aux agriculteurs?

La CANZA réunit des agriculteurs, comme M. Hebert, et des acteurs importants du secteur agroalimentaire et d’ailleurs, notamment Maple Leaf Foods, Loblaw, McCain Foods, Nutrien, RBC, BCG et l’Arrell Food Institute. 

C’est essentiel, dit Barbara Swartzentruber, car il faudra une véritable collaboration pour changer le système.

Créer de la crédibilité et catalyser le changement à l’échelle du système

Il est essentiel, pour que cela fonctionne, de vérifier le volume des émissions atténuées par les pratiques agricoles, afin que les acheteurs et leurs parties prenantes sachent qu’ils paient pour une véritable action en faveur du climat. Or, à l’heure actuelle, l’évaluation des niveaux de carbone dans les sols est un processus de laboratoire coûteux et fastidieux. Les agriculteurs ont besoin d’un moyen beaucoup plus rapide, précis et économique pour évaluer la quantité de carbone qu’ils conservent dans leurs champs. 

La CANZA a lancé son initiative Pratiques agricoles intelligentes face au changement climatique en 2023, en partenariat avec l’Université de Guelph et l’Université de la Saskatchewan, afin de tester différentes options permettant aux agriculteurs d’évaluer les stocks de carbone du sol de manière fiable. 

Au bout du compte, leur objectif est d’identifier, de créer et de communiquer des outils de mesure et des méthodologies pouvant être déployés sur différents types de sols, de climats et de cultures à travers le pays. 

Il en résultera des pratiques agricoles intelligentes face au changement climatique et des revenus plus respectueux de l’environnement pour les agriculteurs, ce qui aidera l’ensemble de l’industrie agroalimentaire canadienne à passer à un avenir sans émissions de gaz à effet de serre.

« Je crois vraiment que nous pouvons être la solution que la majorité du monde recherche », déclare M. Hebert.

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