Saisir une opportunité de plusieurs billions de dollars

L’économie circulaire promet de débloquer d’énormes opportunités - et des solutions à certains de nos défis les plus pressants. Comment le secteur financier canadien peut-il franchir le pas?

[Ce travail] réunit les meilleures pratiques internationales et les réalités locales pour soutenir les institutions financières canadiennes et inspirer les décideurs politiques.

Peggy Lefort

PNUE

Paul Shorthouse imagine un avenir où les déchets n’existent pas. Au contraire, le directeur de Circular Economy Leadership Canada (CELC) imagine que les produits et les matériaux sont réduits, repensés, réutilisés, recyclés, réaffectés ou compostés une fois que nous en avons fini avec eux. Cette approche « circulaire » réduit radicalement la pollution et les émissions de carbone et crée de nouvelles opportunités économiques pour les entreprises et les communautés.

Et ce n’est pas qu’une chimère. Selon Accenture, l’économie circulaire pourrait représenter une opportunité mondiale de plusieurs billions de dollars d’ici 2030. Mais créer et mettre à l’échelle cette approche nécessite des investissements et un accès au capital. C’est pourquoi Shorthouse prône la finance circulaire : des fonds, des investissements et des outils de prêt explicitement ciblés sur les entreprises, les projets, les infrastructures et les activités circulaires.

Investir dans des entreprises circulaires n’est pas seulement un moyen intelligent de lutter contre le changement climatique et la pollution. Des recherches européennes révèlent qu’elles réduisent les risques d’investissement et offrent des rendements supérieurs. 

En effet, ces entreprises sont moins affectées par les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et moins dépendantes des ressources vierges pour se développer. Dans le même temps, elles sont préparées à une nouvelle vague de réglementations attendues dans de nombreux pays, et elles répondent à la demande des consommateurs en faveur du développement durable.

Roanne Weyermars, de Coast Capital, considère que ce type d’investissement est tout à fait adapté à sa coopérative d’épargne et de crédit. « Nous sommes déterminés à aider nos membres à prendre de l’avance sur le plan financier, à veiller à ce que la transition vers une économie sobre en carbone soit socialement juste, et à donner aux communautés et aux entreprises que nous servons les moyens de prospérer dans une économie sobre en carbone et circulaire », explique-t-elle. 

Mais comme la finance circulaire est un concept naissant au Canada, Mme Weyermars et ses collègues du secteur financier éprouvaient des doutes.

[Ce travail] réunit les meilleures pratiques internationales et les réalités locales pour soutenir les institutions financières canadiennes et inspirer les décideurs politiques.

Peggy Lefort

PNUE

Circular staircase

Définir la finance circulaire au Canada

« Au moment où nous avons commencé ce travail il y a un an et quelques avec les banques et les institutions financières, elles venaient tout juste à la table pour mieux comprendre ce qu’est l’économie circulaire, ce qu’est la finance circulaire, quelles sont les tendances et ce qui se passe à l’échelle mondiale dans cet espace », dit M. Shorthouse.

En octobre 2022, le CELC s’est donc associé à des partenaires – l’Initiative financière du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE FI), Delphi, l’Ivey School of Business (l’école de commerce Ivey), Coast Capital, Desjardins, la Banque nationale du Canada, la Banque Scotia et la Banque TD – pour comprendre et définir le financement circulaire dans le contexte canadien.

Ce n’était pas une mince affaire. Ils ont interrogé des experts et examiné des documents provenant d’un grand nombre de pays; ils ont rédigé des définitions et des critères pour évaluer les projets et les activités d’économie circulaire; et ils ont demandé l’avis d’un large éventail de parties prenantes et d’examinateurs tiers.

En février 2024, ce travail a abouti à la publication du document d’orientation sur le financement de l’économie circulaire, un outil destiné à aider les institutions financières à identifier les possibilités de prêt et d’investissement dans les solutions circulaires.

Selon Peggy Lefort, du PNUE FI, ce document représente un grand pas en avant pour le financement de l’économie circulaire au Canada. « Il réunit les meilleures pratiques internationales et les réalités locales pour soutenir les institutions financières canadiennes et inspirer les décideurs politiques », explique-t-elle. « En même temps, il s’harmonise avec les efforts internationaux et contribue à un dialogue mondial sur la finance circulaire. » 

Aujourd’hui, M. Shorthouse souhaite s’appuyer sur ces fondements. Cela signifie qu’il faut collecter de meilleures données pour savoir dans quelle mesure les entreprises maintiennent la circulation des matières au sein de l’économie – et quels sont les avantages qui en découlent, notamment la réduction des émissions de carbone, la protection de la nature et la création d’emplois diversifiés et inclusifs. Cela signifie qu’il faut intégrer la finance circulaire dans les travaux sur la finance durable actuellement en cours au Canada. Enfin, il s’agit d’identifier les politiques permettant de réduire davantage les risques liés aux investissements circulaires.

« Ce qui m’enthousiasme, c’est la possibilité d’ouvrir la porte à des flux de capitaux plus importants dans l’économie circulaire et de débloquer les opportunités et les avantages qui en découlent », déclare-t-il.

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